"Six détenus sont enlevés de la maison d’arrêt de Valence
Fusillés dans la nuit, leurs cadavres sont retrouvés le lendemain sur une place.
Valence, 1er octobre 1944. — Vendredi soir vers 18 h 30, deux hommes armés, portant un brassard avec la mention "Police", se présentaient à la prison de Valence et ordonnaient aux deux gardiens de les laisser entrer. Peu après vingt autres individus armés pénétraient à leur tour dans la prison et exigeaient sous la menace de leurs armes que six des détenus leur soient remis. Les gardiens ne purent que s’exécuter.
Les six détenus furent alors emmenés dans quatre autos qui stationnaient devant la prison. Ce sont :
- Pierre Moutier, milicien condamné à mort par la Cour martiale de la Drôme et dont la peine avait été commuée en 20 ans de travaux forcés par le commissaire de la République.
- Philippe Chalchat, milicien, condamné à mort par la Cour Martiale de la Drôme et qui avait bénéficié de la même faveur.
- Pierre Bret, condamné aux travaux forcés par la Cour Martiale.
- René Bouteville et Jean Combac, miliciens, traduits tous deux devant la Cour Martiale qui s’était déclaré incompétente sur leur cas.
- Enfin Henri de Gailhard-Bancel, syndic régional de l’ex-corporation paysanne, détenu en attendant la fin de l’instruction de son dossier.
Samedi matin le corps de Pierre Moutier, tué par arme à feu, était retrouvé pendu à l’horloge de la place Madier-Montjau avec l’écriteau suivant : " Ainsi sont châtiés les traîtres ". Peu après les corps des cinq autres détenus étalent déposés sur la place par une camionnette. La police a fait aussitôt enlever les corps. Une enquête est ouverte.
NDLR —Transmis le 1er octobre par notre agence de Valence, ce papier n’a pu paraître en temps voulu à cause d’une interdiction de la censure."
L'enquête qui avait été diligentée pour identifier les auteurs de ces assassinats n'a jamais abouti...
Ce terrible épisode est très significatif de la rancœur et la haine qu'ont suscité 4 ans d'occupation et d'actes de collaboration au sein du peuple français. Même les cours de justice statuant rapidement sur ces cas de collaboration ne seront pas parvenues à éteindre les velléités de vengeance qui se sont déroulées longtemps après la fin de la guerre, sur l'ensemble du territoire national.