Aujourd'hui, presentation d'un des plus importants réseaux de renseignements de la résistance du sud de la France durant la seconde guerre mondiale.
Ces réseaux de renseignements de la France Libre ne commencent vraiment à se développer qu'à partir de l'été 1942. Leur extension se fait parallèlement à celle des MUR (mouvements unis de la résistance) et contribue à la marginalisation du SR (service renseignements) des MUR. Elle montre la méfiance que l'on nourrit à Londres vis-à-vis de cette Résistance, très indépendante et trop “ politique ”.
Nouveaux venus ou récupérés sur les Anglais, le BCRA dispose ainsi d'un éventail étendu de réseaux de renseignements. Parmis ceux-ci, le réseau "Mithridate".
L'évolution de ce réseau, appelé jusqu’ici "Nilo", est particulière. Créé en liaison avec les services britanniques par Pierre-Jean Herbinger (alias Colonel Bressac) de Saint-Raphaël, il est réorganisé en 1943, après avoir été très affecté par la répression allemande. En effet, le 8 avril, est affichée la condamnation à une peine de prison par contumace d'Herbinger et celle de son adjoint, André Aalberg, par la section spéciale de la Cour de Riom.
Peu après, l'autre bras droit d'Herbinger, Marius Gibelin, est arrêté par l'OVRA (police Italienne, pendant de la Gestapo). Herbinger, qui est parvenu à gagner Londres, prend contact là-bas avec le BCRA. Lorsqu'il revient en France, deux mois plus tard, c'est pour travailler sous son égide et sous le nom de "Mithridate".
À Fréjus-Saint-Raphaël, ce réseau s'appuie toujours sur les membres des MUR. Son responsable local, Georges Dewaël, est un des anciens des débuts de Combat. Albert Pierrugues, chef cantonal de l'organisation Armée Secrète, employé dans une entreprise de travaux publics depuis sa révocation de la police, lui passe des renseignements avec la complicité active de son employeur (Ets Traversa) qui travaille pour les Allemands (et qui sera fort justement réhabilité à la libération).
Jean Ramella de La Motte (83) servira également d'agent de renseignements dans ce réseau Mithridate de juin à septembre 1943, jusqu'à ce qu'il passe dans le réseau "France au Combat" tout en continuant à renseigner.
Sources : Thèse de Jean-Marie Guillon & Philippe Natalini