Washington, 6 août 1940.
Répondant aux déclarations du général Catroux, selon lesquelles les États-Unis, après l'effondrement de la France en 1940, ont refusé leur aide à l'Indochine, les observateurs militaires américains déclarent qu'à l'époque il était impossible aux États-Unis de prêter une assistance militaire efficace contre les Japonais. Le président Roosevelt et ses conseillers militaires étaient alors pria entre deux nécessités urgentes : aider l'Angleterre contre l'Allemagne, ou armer les États-Unis. Finalement. la décision présidentielle fut d'entreprendre les deux taches à la fois. Tout ce dont l'Amérique pouvait disposer en fusils et canons, provenant de la première guerre mondiale, fut expédié en Grande-Bretagne, dans les semaines suivant la déroute française. Mais tes États-Unis n'avalent pas le matériel nécessaire pour entrer en guerre; le raid nippon sur Pearl Harbour l'a d'ailleurs clairement démontré. Malgré leurs efforts pour équiper leurs bases du Pacifique, les États-Unis, lors de l'attaque Japonaise du 7 décembre 1940, ne disposaient que de 1.157 avions de, combat, dont 52C à Hawaï et aux Philippines, ou l'on comptait une centaine de tanks légère, une cinquantaine de canons autotractés, et 35 forteresses volantes.
Ces chiffres suffisent à démontrer que toute tentative de la part des États-Unis pour venir à l'aide de l'Indochine en 1940 aurait été sans valeur pratique. On souligne d'ailleurs que les milieux militaires ne critiquent pas le général Catroux pour avoir usé envers le Japon de procédés de temporisation : c'est ce qu'ont fait pour leur part les Anglais et les Américains. Le département d'État fait observer que l'attitude américaine à l'égard de l'Indochine ne s'est pas écartée de la politique générale : avant l'entrée en guerre des États-Unis, jamais les gouvernements étrangers n'ont été avisés que l'Amérique se préparait à entreprendre une action armée contre l'agresseur.