Côte-d’Or
La prolongation des hostilités et des difficultés qui en découlent, les privations qu’elle entraîne, l’inquiétude du lendemain, apportent un malaise croissant dans la vie de la population. Sa nervosité atteint un paroxysme jusqu’alors jamais égalé et on a l’impression très nette qu’il suffirait d’un tout petit incident pour déchaîner des incidents graves.
Plus que tout, la recrudescence des bombardements anglo-américains réagit sur son état d’esprit. Au début, une certaine partie de la population non touchée considérait cette offensive aérienne comme un mal nécessaire susceptible d’amener une libération prochaine et savait trouver les excuses appropriées.
Aujourd’hui, il n’en est plus de même ; le nombre élevé des victimes à la suite des raids anglo-américains n’est plus compris par aucun.
Une psychose de peur se développe chaque jour et les habitants de ce département, devant la fréquence de survols de la région, perdent l’illusion de leur sécurité, et du même coup compatissent avec davantage de sensibilité aux malheurs des cités atteintes, car ils se rendent compte que leur tranquillité n’est qu’un sursis pour quelques jours ou peut-être même quelques heures.
synthèse des rappports des préfets juin 1944