Les Maquisards FTP du MALAY :
Parti de Claviers en 1943 avec Louis Gal, Roger Venturino, Félix Jourdan, commandé par un Niçois, François Manzone, alias Romain Loulou, le maquis grossit très vite, de sorte que, pour sa sécurité, il dut s’installer près de BROVÈS (83), dans le massif du Malay (plateau de Canjuers). Il s’appela désormais «Maquis Pierre Valcelli» en hommage à un jeune maquisard de Salernes fusillé par les Allemands.
Il devint l’un des plus importants maquis du Var.
Qui étaient ces hommes ? paysans pour la plupart.
Manzone a établi à la Libération la liste de ses maquisards, les classant par villages d’origine. Ceux de Montauroux se nommaient : Barret Marcel, Blanc Justin, Carbonnel Fernand ; Chaix Marcel ; Demaria Marius, Demaria Jean ; Dujardin André ; Genin Albert ; Giordano Pierre (Joseph) ; Laugier Henri ; Ramonda Jean Baptistin (Titin) ; Rostagno Joseph ; Tallent Elie (Hélio) ; Tallent Abel (Albert ou Godillot). (Cette liste est consultable aux Archives Départementales du Var -Cote 37 J 8/1-6).
Elle est sûrement incomplète, comme toutes les listes établies par les Chefs de groupe dans le tumulte de la Libération. Tout s’est passé si vite….
Le rôle déterminant des FTP dans la résistance du Canton:
1/ Par une originale fusion de la S.A.P. (Sections Atterrissage et Parachutage) avec le maquis
FTP.Créé en 1942 par Jean Moulin pour armer la Résistance, la SAP faisait partie des Réseaux Action de la France Combattante, dépendant à la fois du Général De Gaulle et des Britanniques. Elle était composée d’agents permanents homologués par Londres et occasionnels sans matricule, recrutés sur place par les responsables locaux.
A Montauroux, l’équipe qui gérait le terrain de parachutage « JOCKEY » AC 164 (homologué par le Responsable local de la SAP Horst Albin Schneider, alias René Jaffard) était majoritairement composée de maquisards FTP (liste MANZONE). Le responsable de cette équipe JOCKEY, Justin Blanc, était à la fois militant communiste et maquisard FTP et des accords avaient été passés entre SAP et Maquis pour l’attribution des armes parachutées.
De plus, la plus importante cache d’armes du secteur était située au quartier Valcros à Montauroux dans des ruines d’une propriété appartenant à 2 maquisards FTP du Malay, Elie et Abel Tallent…
Enfin Elie Tallent, déjà nommé par Manzone, commissaire aux Effectifs depuis Mars 1944 pour le recrutement et la formation des jeunes maquisards fut également désigné par Schneider responsable SAP pour le maquis sur le territoire duquel se trouvait le terrain « Prisonnier », véritable plateforme stratégique.
Ceci, après la découverte du dépôt de Valcros par les Allemands (heureusement évacué 2 jours auparavant dans la nuit du 12 au 13 juin 44 sur ordre d’Elie, évitant ainsi au village de Montauroux, de subir de sanglantes représailles).
Le dépôt d’armes inutilisable, Justin Blanc arrêté par la GESTAPO le 10 Juillet 44 lors de la rafle de Montauroux, l’équipe JOCKEY fut par conséquent dissoute sur décision des responsables SAP.
2/ Par leur action lors des combats de la Libération les FTP épaulèrent efficacement les armées alliées parachutées et débarquées lors des opérations du 15 au 20 Août 44 dans le canton.
Les FTP incorporés dans les FFI étaient placés sous les ordres du Lieutenant René Silvani, responsable de l’Organisation de la Résistance de l’Armée (ORA), du secteur Fayence/St Raphaël (83), et d’Elie Tallent, devenu son adjoint, à qui Manzone a confié le commandement militaire du Camp Valcelli.
Dirigeant les postes de guérilla de La Colle Noire, de Camiole, le siège de La Roque à Fayence et minant les ponts de la Siagne pour contrôler la route de Mons (pensant que les Allemands se replieraient par là pour rejoindre la route Napoléon) Elie Tallent et René Silvani, aux côtés des parachutistes américains, guidèrent les combattants FFI, majoritairement FTP du Malay.
Cependant, un des épisodes sans doute le plus décisif de ces combats fut la destruction du radar ennemi situé sur les hauteurs de Fayence. A l’issue d’une réunion au maquis, le 14 Août 44, de tous les chefs FFI de Draguignan, St Raphaël, du Muy et des Arcs, le maquis MANZONE reçut l’ordre d’Alger à 20 h d’effectuer ce sabotage.
Menée par une poignée de maquisards, dès minuit cette mission fut un succès et eut des répercussions considérables sur le débarquement du 15 Août. Ce radar surveillait, en effet, toute la côte et la zone du débarquement. (Source : Rapport particulier du Capitaine Lougre, Chef du groupe de Parachutistes de la Marine, SHD Vincennes).
Après le 15 Août beaucoup de FTP ont formé le Régiment des Maures, basé à Draguignan et placé sous les ordres du Colonel Denis Fontes. Certains ont continué le combat jusqu’au 8 Mai 45, d’autres sont retournés dans leurs foyers. Mais la plupart des anciens maquisards FTP ont rejoint les Forces Républicaines de Sécurité (FRS), créées par Raymond Aubrac, nommé Commissaire de la République à Marseille.