L’exposition « Kollaboration ».
Dans la ville de Tunis libérée en mai 1943, les membres de l’organisation Combat (le plus grand des huit mouvements de Résistance) et ceux de son organe de presse (Combat, sous-titré le Journal de Paris) ne sont plus clandestins. Ils peuvent poursuivre au grand jour leur œuvre de dénonciation du Régime de Vichy, du nazisme et de la collaboration.
Ainsi, c’est à leur initiative que l’on doit l’exposition « Kollaboration » qui s’y tient en juin 1944 (et ultérieurement dans d’autres villes d’Afrique du Nord de manière itinérante) et à laquelle les deux photographies ici étudiées se rapportent.
Pensée de manière assez pédagogique, l’exposition se décline en différents panneaux sur lesquels des coupures de presse, des images, des citations, des schémas et des reproductions sont épinglés (ou collés) pour illustrer et dénoncer la réalité de la collaboration. Quoique sommaire et finalement très simple dans sa mise en place, « Kollaboration » attire un public relativement nombreux. Elle a surtout un sens très fort : alors que la métropole est encore occupée par les Allemands, on peut ici accuser ceux qui les soutiennent au grand jour.
En montrant les images d’une telle manifestation, ces deux clichés renseignent sur sa nature, son orientation idéologique et les fins qu’elle poursuit. Plus généralement, ils interrogent sur la manière dont les français qui ont résisté et résistent encore regardent, expliquent et font le récit de la collaboration. Diffusées par le journal lui-même (et d’autres), ces photographies (ainsi que l’exposition) influencent les consciences et les représentations, anticipant déjà la question mémorielle, morale et politique d’un jugement historique de la France par elle-même.
voici quelques documents concernant cette expo et notamment son appropriation par l'Etat en 1945 aux dépends du légitime propriétaire