l'uniformité des maquis de l'Ain 1944

voici un sujet relativement spécifique à l'Ain : l'uniforme des Maquis

Pour mettre les choses en perspective, en 1943 - 1944, on sait que se balader avec un vélo voir juste aller chercher des champignons dans la montagne est aussi un handicap. Ma grand tante fut exécutée par les allemands en février 1944, à Aranc, pour leur avoir juste dit qu'elle les emmerdait. Mon oncle fut raflé à la même époque pour n'avoir été qu'un type de 20 ans dans son village.
Donc pas besoin d'uniforme pour subir un handicap, car se balader, jeune homme dans des zones réputées sensibles suffit à des représailles. quant au port de l'uniforme, ou de partis d'icelui, reste un marqueur improtant de l'appartenance à une unité et pas un groupe de voyous, d'où la nécessité des maquis d'essayer de se doter d'effets militarisant et ainsi, de faire le coup de main sur les chantiers d'artemare, ou mieux, le dépôt d'effets de Bourg. San compter les razias sur les stocks allemands de Lyon voir les trains d'effets US à Lyon en août 1944. Pour quelqu'un qui se réclame d'une organisation d'état, comme l'armée, s'en rattacher par des symboles, (ou s'en rapprocher) comme l'est le vêtement, c'est primordial. si tu regardes les films, tournés au maquis, de l'Ain entre autre, dont le fameux Ceux du Maquis, largement tourné dans l'Ain, notamment la scène du levé des couleurs à la fin au camp de Cize, on se rend compte que l'idée est d'être le plus militaire possible. Le plus possible. Ensuite on voit que les types sont habillés de bric et de broc, car l'idée est de pouvoir émouvoir pour obtenir ce dont ils ont besoin : des armes et de l'équipement et ... des sous. Or pour avoir des sous et de la reconnaissance, il faut pouvoir se montrer sous un jour peu favorable, notamment envers les Anglais. Mais il faut aussi se montrer positivement, car on ne paye ni arme ni munitions à des types qui ressemblent à des bandits calabrais.
https://www.youtube.com/watch?v=Z3KSGFoe9EE
La prise d''armes dans la neige durant l'hiver 1943, c'est aussi aux maquis de l'Ain. On voit des types habillés comme ils peuvent mais qui essayent malgré tout de se rapprocher du modèle militaire. ce qui était le voeu de Romans, sans quoi, il n'y avait pas de prise en charge Maquis et les gars restaient des réfractaires.
De plus, il y a une différence entre les types qui sont au maquis à plein temps et ceux qui y montent pour des actions précises, retournant dans leurs maisons ou en ville. Ces derniers ne peuvent, évidement pas, se balader en tenue, ni même mettre les chaussures parachutées pour caler les sten.

L'idée des publications d'après guerre est moins de rendre compte du réel (les archives étaient inconsultables jusqu'en 2008) que de vendre, en partie, une idéalisation du citoyen-maquisard et ce jusqu'à récemment. C'est toute l'idée romantique du maquisard de l'an II dans une France résistante mettant largement de côté le rôle de la 1ère armée notamment mais aussi des services secrets Anglais IS et américain OSS : le but étant de créer le mythe d'une france qui s'est libérée seule de l'intérieur (d'où les difficultés de la publicaiton en France du bouquin de M. Foot sur le rôle des anglais dans la Résistance). sans compter, pour l'Ain et le Haut Jura, comme tu l'as noté, de la guerre ouverte entre les pro et les anti Romand et ce dès octobre 1944.
Depuis, avec l'ouverture des archives et la prise en main de ce sujet par les historiens des aspects sociaux, politiques, des mentalités voir psychologiques commencent à animer les débats, au début, très compliqués face à des témoins qui se sentaient dépossédés de l'histoire à laquelle ils avaient participé et qui pensaient n'être que leur apanage. Georges Legoupil, représentant de l'Institut du temps présent dans l'Ain, trop rapidement décédé, en avait fait une bonne synthèse lorsque nous avions présenté l'ouverture des archives de la Seconde Guerre de l'Ain (ce que ne comprenaient pas une partie de l'auditoire car ils avaient peur qu'on y trouve des "choses") au milieu des années 2000.

De fait, en 1943 et début 1944 les maquis de l'Ain n'étaient pas uniformes.
A la libération, à partir de mois de mai juin entendons, ils ont essayé d'uniformiser et cette recherche de l'uniformité était un des points marqueurs des maquis de l'Ain dès novembre 1943 car le but c'est de montrer que les résistants, ce ne sont pas des terroristes, d'où l'effort que nous faisons d'être autant que possible uniforme.
comme nous en avons déjà parlé, lorsque nous avons la tenue "AS" c'est pour représenter les maquis à la libération
je n'ai jamais dit qu'il fallait être uniforme en effet hiver 1943 - printemps 44 et lorsque nous faisons des sorties, le mot d'ordre de l'habillement est donné et je suis le premier, pour le coup, vous vous foutez bien assez de ma gueule, d'être en short et les espadrilles et marcel, ce qu'ils portaient dès le printemps 1944.