Voici le récit que me fit mon père Jean Balique (1920-2000) sur la libération de Martigues.
Membre du réseau de Résistance "Marco Polo" sous les ordres du colonel Reimbert qui, le 20 août dans l'après midi, avait tenté d'obtenir la reddition du commandant allemand de la place de Martigues (dont le QG opérationnel se trouvait en contrebas de la chapelle de Notre-Dame-des-Marins), constatant qu'au matin du 21, les troupes d'occupation avaient déguerpi, récupéra, sans en référer à son chef, un drapeau tricolore caché dans sa chambre. La famille habitait alors boulevard Mongin, dans une demeure dont 2 chambres avaient été réquisitionnées par l'occupant... Partis la veille sans laisser d'adresse.
Ce matin-là (un dimanche), nul ne savait que les troupes d'occupation avaient fui la ville, parfois en volant charrettes ou vélos. Mais depuis la veille, les explosions se multipliaient : viaduc de Caronte, réserves de munitions des ouvrages de la côte bleue en passant par les quais, tout ce qui pouvait être saboté le fut.
Possédant une clé du clocher de l'église de Jonquières, il prit avec un camarade de réseau la décision d'aller y hisser dans l'après midi le drapeau... Presque au même moment, le même geste fut effectué par des résistants FTP sur l'église de L'Île et Ferrières. Martigues était libérée !
Le lendemain 22 août, mon père fut convoqué par Reimbert : un détachement américain venu d'Aix avec deux blindés arrivaient et ils fallait aller à leur rencontre.
"Mais comment ?" demanda mon père.
-Une moto est à ta disposition pour cela qui t'attend.
- Conduire une moto, j'en suis totalement incapable reconnut mon père (qui soit dit en passant n'a jamais su planter un clou)"
- Puisque tu as su monter au clocher de l'église, tu dois pouvoir tenir un guidon Balique ?".
Et ce fut finalement un autre "jeune" de la ville qui, parti en pétarade fumante au guidon de la fameuse qu'il arrivait tout juste à contrôler, qui revint triomphant assis sur le premier Sherman qui pénétra dans la ville...