Le dimanche 11 juin 1944, à Lambesc (13), les Allemands veulent contrôler deux véhicules transportant des armes pour le maquis. Une fusillade éclate, les maquisards répliquent et un soldat allemand est tué. À la suite de cet accrochage, un détachement allemand investit le village, arrête vingt-cinq hommes dans les rues, les bars et à leur domicile puis les rassemble sur la place du village.
L'officier Allemand annonce qu’aucune représaille ne sera exercée si les hommes recherchés et s'étant réfugiés dans la montagne étaient rentrés avant le lendemain. Les vingt-cinq hommes sont relâchés dans la soirée.
Mais, dans la nuit du 11 au 12 juin, des centaines de soldats allemands investissent les villages de Lambesc, La Roque-d’Anthéron, Rognes, Charleval et bloquent les routes et chemins d’accès aux collines. Dès l'aube, camionnettes et chenillettes armées de mortiers montent à l’assaut du plateau, appuyées par trois avions de reconnaissance.
Dans la matinée du 12 juin, plusieurs personnalités du village de Lambesc (contrôleur des contributions indirectes, receveur des PTT… ) sont arrêtées pour être emprisonnées à Cavaillon. Leurs domiciles sont fouillés et pillés. Celui de l’ancien maire, Amédée Remondin, étant parvenu à fuir, est incendié.
L’après-midi, certaines parties du massif sont également en feu et l’incendie gagne le plateau. La plupart des résistants de Sainte-Anne se replient vers le bassin de Saint-Christophe à l’est, au « Castellas ».
Le groupe du plateau de Sèze, qui n’a pas été repéré par les Allemands, bouge vers l’est, affronte les Allemands à La Bastide-Blanche, avant de se cacher au-dessus du château de Caire-Val. Quelques-uns de ses hommes parviennent à rejoindre le maquis de Saint-Antonin.
Toute la matinée du 12 juin, le combat fait rage. Les résistants acculés se battent avec acharnement contre un ennemi supérieur en nombre et en armement, en lui infligeant des pertes sévères. Mais les munitions s'épuisent, la forêt est incendiée et l'ordre de dispersion est donné. L'ennemi procède alors à une chasse à l'homme, des prisonniers et des blessés sont capturés, interrogés, torturés puis massacrés sur place.
Tout au long de la journée, les hommes qui descendent des collines, même ceux n'ayant pas participé activement aux formations de la Résistance sont arrêtés. Certains qui étaient restés chez eux et qui se rendaient dans leurs champs, sont également arrêtés.
Les exécutions commencent dans l’après-midi du 12 juin. Les hommes arrêtés à Charleval et à La Roque-d’Anthéron sont fusillés aux lieux-dits « Valbonnette » et « Pont d’Auvergne », à genoux, les mains liées derrière le dos. D’autres, d’abord conduits à Salon, sont ramenés le lendemain, et exécutés le soir, après 20 heures, au lieu dit «Le Fenouillet ». Parmi les vingt-huit fusillés du "Fenouillet", certains n’habitent pas les villages du pourtour de Sainte-Anne. En effet, les Allemands se sont saisis de l’occasion pour se débarrasser d’autres prisonniers et « vider entièrement la prison du 7ème étage du bâtiment 403 de la rue Paradis (Siège de la Gestapo de Marseille). Les prisonniers sont mis dans un car et conduits avec d’autres prisonniers se trouvant dans la prison des Baumettes au champ de bataille de la veille dans la forêt « Chaîne des Côtes » entre Charleval et Lambesc. Ils ont été exécutés sur les ordres de Pfanner, un responsable de la Gestapo.
C’est le cas de résistants arrêtés à Martigues et Port-de-Bouc, et d’André Gérard, Gervais, Gerbaud. On trouve aussi, parmi les victimes, le pasteur Georges Flandre, Montcalm. Tous ont été dépouillés de leurs papiers d’identité et les corps, mutilés, sont méconnaissables. (Le rapport Catilina fait état de 96 ennemis tués et 43 prisonniers pour la journée du 12 juin 1944). La moyenne d'âge de ces martyrs était de 28 ans.
Après la Libération, des mémoriaux furent érigés sur les lieux de ces événements, qui, tous les ans, sont l’objet de commémorations. Un imposant monument honore, sur le plateau de Sainte-Anne, l’ensemble des victimes de cette sanglante répression. D’autres, en revanche, évoquent le souvenir de massacres qui se sont déroulés à l'endroit précis du supplice de leurs victimes, comme les multiples stèles ou le mémorial de la clairière du Fenouillet, à la Roque-d’Anthéron.